trilogie
trilogie
realisations jean claude cheyssial

retour

L’IBOGA et le BWITI

L’IBOGA, appelé « Bois Sacré » ou arbre de vie par les gabonais est un petit arbuste  de la famille des  apocynacées arbustives  d’Afrique équatoriale (tabernanthe iboga) composé d’une douzaine d’ alcaloïdes dont  le  plus connu est l’Ibogaïne mais aussi la tabernanthine l’ibogamine-coronaridine-iboquine-gabonine.


Il fut découvert par les pygmées (-sûrement en regardant les effets de la plante et de ses racines sur les animaux, les porc-épics et gorilles en particulier-) qui l’ont transmis aux Bantous (Mitsoghos et Apindjis) qui créèrent le culte du Bwiti.
L’ethnie des  Fangs, dernière migration du début du XXeme siècle, fortement christianisé, le syncrétisèrent et le répandirent sur les chantiers forestiers multiethniques.


L’iboga, pour les initiés, apporte la preuve visuelle, tactile et auditive de l’existence irréfutable de l’au-delà…

Les initiés disent : « vous les blancs, vous volez en avion et vous croyez en Dieu mais nous, grâce à l’Iboga, nous voyageons avec le soleil et les étoiles et nous voyons Dieu..."


L’IBOGA supprime la notion du temps ; le présent, le passé et le futur fusionnent et l’homme retourne d’où il vient…(Nzambe-kana, père du genre humain, et Dissumba, première femme sur terre, mère du genre humain).

Il y a trois grandes étapes comme dans tout processus initiatique:

 
- LA MORT(le corps s’affaisse pour que l’esprit s’échappe).


- LE VOYAGE en Etat de Conscience Modifiée.

 
- LA RENAISSANCE avec un nom nouveau( le Kombo )comme l’enfant qui vient de naître.


Il y a deux grands courants bwitistes qui amène l’initié dans deux voies différents qui peuvent être aussi complémentaires :

Le Bwiti Dissumba (du nom de la première femme qui dans le mythe s’est sacrifiée pour que l’homme acquiert la Connaissance), Bwiti le plus répandu ; les Fangs le syncrétisèrent en y incorporant des rituels chrétiens et francs-maçons. 
Dans ce Bwiti, la personne va rechercher une dimension spirituelle qui l’amènera à franchir les limites de l’invisible pour trouver et ramener son Kombo (le nom que les entités de l’invisible lui donneront et qui sera la preuve indiscutable qu’elle a bien voyager dans l’espace temps de sa mémoire mais aussi dans la mémoire du clan et bien sûr dans celle de l’humanité).

L’initiation au Dissumba est avant tout une initiation mystique où la recherche de la Vérité est prioritaire. Une grande quantité de « Bois Sacré » est donné (cela peut aller de six cuillères à soupe à deux ou trois bols…) afin que l’initié découvre la relation que l’homme entretien avec le Cosmos…


Il doit savoir d’où il vient et vers où il repartira après la mort.


Le Bwiti Misoko, considéré comme le plus proche du bwiti des origines, est le bwiti spécifique des « ngangas à misoko » (les grands voyants guérisseurs).

C’est le bwiti des soins ou l’on guérit des problèmes que l’on n’arrive pas à gérer ici bas. Les maux arrivent lorsqu’on a perdu son chemin …Le nganga (celui qui initie, celui qui sait, celui qui soigne) est également, dans le bwiti Misoko, un voyant qui doit pouvoir sonder les parois invisibles du patient… dans une triangulaire incluant le Sacré, la Cosmogonie du Monde…et les racines de la Terre (la forêt).

(Pour ouvrir l’initié à « l’Autre Monde » dans le bwiti misoko, deux ou trois cuillères d’iboga râpé suffisent).

Ainsi dans le culte du bwiti, le bandzi (l’initié) commence son initiation en forêt. Là, il est lavé, nettoyé spirituellement, purifié ; il fait sa confession (indispensable pour éviter les retours de boomerangs de la plante lorsque les blocages sauteront) et peint de kaolin blanc (qui symbolise l’homme, le liquide reproducteur mais également l’esprit pur) et de kaolin rouge (qui symbolise la chair, les menstruations des femmes, l’identification terrestre), il est ensuite ramener dans le Bandja (le temple) où le ngoze (la veillée) va pouvoir commencer.


Le son de la harpe Ngombi  et de l’arc en bouche Mongongo, vont lui permettre d’entendre petit à petit les messages vibratoires du souffle divin.

Une plume rouge de perroquet sur le front (le perroquet est l’animal sacré du Gabon qui va l’aider à rapporter les messages de l’invisible).
Les bandzis lancent à chaque entrée dans le bandja la phrase rituelle :

Bandzi, Nima, Kambo, Nganga, Bokayé !

Et l’Assemblée répond : Aye !


Sur un plan scientifique à l’heure actuelle:


A petites doses, L’Iboga, composé d’alcaloïdes indoliques, stimulants nerveux et musculaires, permet un effort soutenu .
A doses intermédiaires, il a la capacité de faire resurgir le passé (onirique) et de supprimer l’addiction aux opiacés ; l’ibogaïne agissant sur les récepteurs NMDA et sur le système dopaminique.

A doses sub-toxiques, il provoque une expérience proche des NDE (EMI- Expériences de Mort Imminentes), permettant de fait pour les bwitistes une rencontre avec les entités spirituelles de l’Invisible et la mémoire de l’Humanité.
En Etat de Conscience Modifiée, l’initié visualise le Film des Origines du Monde  et la place qu’il tient dans ce gigantesque canevas.

L’Iboga serait actif sur plusieurs zones cérébrales.


L’ibogaïne est active sur le cervelet et sur le système limbique siège du plaisir et de la dépendance aux drogues.


La structure de l’ibogaïne serait similaire à celle de la sérotonine, naturellement produite par le cerveau comme neurotransmetteur de la sérénité et du bien-être et elle bloque la stimulation de la dopamine méso limbique et striatale induite par la morphine et la cocaïne… d’où son influence sur l’addiction aux drogues.


L’Iboga ne procure ni dépendance, ni plaisir ;

 
C’est une plante de réflexion.


Petit historique rapide de l’Iboga :



1864, c’est Dr Griffon du Bellay, chirurgien de la marine, qui ramena en

France un échantillon décrit botaniquement par Henri Baillon en 1889.

1901, Dybowsky et Landrin isolent l’ibogaïne.


1905, 1ere thèse en médecine par Mme Closmenil.

 
            « De l’iboga et de l’ibogaïne ».


1939, apparition sur le marché du « Lambarène » tonique en vente libre composé d’extraits secs de la plante IBOGA (Tabernanthe manii).


1960, Haroun Tazieff expérimente le Lambaréne dans le gouffre de la Pierre St Martin.


1963, Howard Lotsof découvre l’iboga et quelques années plus tard (1985) prendra un brevet pour commercialiser l’ibogaïne.

1966, vente interdite du Lambaréne considéré comme produit dopant par le C.I.O en 1989.

1969, Claude Naranjo, psychanaliste, traite ses premiers patients avec l’ibogaïne après avoir expérimenté l’harmaline (Ayahuasca).

1982 :R.Moody et M.B Sabom publie le tableau des NDE- EMI.


1985/1991 : publication des ethnologues Sillans et O.Gollnhofer.


1995, Tournage de la Nuit du Bwiti et rencontre avec Lotsof à New York.
Rencontre également avec le professeur Glick qui  a réalisé les premières expériences
sur les rats.


1999 : 1ere conférence à New-York sur l’ibogaïne et sur ses effets rapides sur la dépendance
aux drogues.

Le Gabon était représenté par le Dr J.N Gassita et par Mme Francine Nnoh, chercheuse et
bwitiste gabonaise.


2007 : Les films sur le Bwiti et les différents ouvrages, occidentaux en particulier, ont popularisé l’initiation à l’Iboga dans le monde occidental avec bien sûr quelques dérives qui n’échappent pas à ce genre de développement.

Retour